Plan de gestion du Méné d’herbe (Notropis bifrenatus) au Canada [finale] 2011

Mai 2011

À propos de la Série de Plans de gestion de la Loi sur les espèces en péril

Qu’est-ce que la Loi sur les espèces en péril (LEP)?

La LEP est la loi fédérale qui constitue l’une des pierres d’assise de l’effort national commun de protection et de conservation des espèces en péril au Canada. Elle est en vigueur depuis 2003 et vise, entre autres, à « favoriser la gestion des espèces préoccupantes pour éviter qu’elles ne deviennent des espèces en voie de disparition ou menacées ».

Qu’est-ce qu’une espèce préoccupante?

Selon la LEP, une espèce préoccupante est une espèce sauvage qui peut devenir menacée ou en voie de disparition par l'effet cumulé de ses caractéristiques biologiques et des menaces signalées à son égard. Les espèces préoccupantes sont inscrites à la Liste des espèces en péril de la LEP.

Qu’est-ce qu’un plan de gestion?

Selon la LEP, un plan de gestion est un document de planification orienté vers l’action qui identifie les activités de conservation et les mesures relatives à l’utilisation des terres, en vue d’empêcher à tout le moins que l’espèce préoccupante ne devienne menacée ou en voie de disparition. Pour de nombreuses espèces, le but ultime d’un plan de gestion sera de réduire les menaces d’origine anthropique et de retirer l’espèce de la Liste des espèces en péril. Le plan fixe des buts et des objectifs, identifie les menaces et propose diverses activités visant à réduire ces dernières.

L’élaboration de plans de gestion est obligatoire en vertu des articles 65 à 72 de la LEP (http://www.sararegistry.gc.ca/approach/act/default_f.cfm).

Un plan de gestion doit être préparé au plus tard trois ans après l’inscription de l’espèce à la Liste des espèces en péril. Un délai de cinq ans est alloué pour les espèces qui ont été inscrites à la Liste au moment de l’adoption de la Loi.

Et ensuite?

Les orientations contenues dans le plan de gestion permettront aux compétences, aux collectivités, aux utilisateurs des terres et aux environnementalistes de mettre en œuvre des mesures de conservation qui auront des effets préventifs ou réparateurs. Le manque de certitude scientifique ne doit pas être prétexte à retarder la prise de mesures efficientes visant à prévenir qu’une espèce ne devienne plus en péril; la mise en œuvre de telles mesures peut même contribuer à d’importantes économies de coûts dans le futur.

La série

Cette série présente les plans de gestion élaborés ou adoptés par le gouvernement fédéral dans le cadre de la LEP. De nouveaux documents s’ajouteront régulièrement à mesure que de nouvelles espèces seront inscrites à la Liste des espèces en péril et que les plans existants seront mis à jour.

Pour en savoir plus

Pour en savoir plus sur la Loi sur les espèces en péril et les initiatives de conservation, veuillez consulter le Registre public de la LEP (http://www.registrelep.gc.ca).

Référence recommandée:

Boucher, J., M. Berubé, A. Edwards et M. Bourgeois. 2010. Plan de gestion du méné d’herbe (Notropis bifrenatus) au Canada [version finale]. Série de Plans de gestion de la Loi sur les espèces en péril, Pêches et Océans Canada, Ottawa, vi + 45 pp.

Exemplaires supplémentaires:

Il est possible de télécharger des exemplaires de la présente publication à partir du Registre public de la Loi sur les espèces en péril (www.registrelep.gc.ca).

Illustration de la couverture : Droit d’auteur Ellen Edmonson, New York State Department of Environmental Conservation.

Also available in English under the title:
« Management Plan for the Bridle Shiner (Notropis bifrenatus) in Canada (Final version) »

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre des Pêches et des Océans, 2010. Tous droits réservés.

ISBN : 978-1-100-91504-3
No de catalogue : En3-5/14-2010F-PDF

Le contenu (à l’exception des illustrations) peut être utilisé sans permission, mais en prenant soin d’indiquer la source

Le méné d’herbe est un poisson d’eau douce qui relève de la responsabilité du gouvernement fédéral. Le ministre des Pêches et des Océans est un « ministre compétent » pour les espèces aquatiques en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP). Puisque le méné d’herbe vit dans le Parc national des Îles-du-Saint-Laurent et dans le Lieu historique national du Canada du Canal-Rideau, administrés par l’Agence Parcs Canada, le ministre de l’Environnement, selon la LEP, est aussi un « ministre compétent » en ce qui concerne les individus de cette espèce dans ces endroits. La LEP (Article 65) exige des ministres compétents qu’ils préparent des plans de gestion pour les espèces jugées préoccupantes. Le méné d’herbe a été reconnu comme une espèce préoccupante au sens de la LEP en 2003. La conception de ce plan de gestion a été conduite par Pêches et Océans Canada – région du Québec ainsi que celle du Centre et de l’Arctique, avec la coopération et en consultation avec plusieurs individus, organisations et agences gouvernementales, y compris le gouvernement de l’Ontario, le gouvernement du Québec, l’Agence Parcs Canada et les membres des équipes du rétablissement. Le plan satisfait aux exigences de la LEP pour ce qui est du contenu et du processus (LEP articles 65-67).

La réussite de la conservation de cette espèce dépend de l’engagement et de la coopération de plusieurs instances différentes qui seront engagées dans l’implantation des directives énoncées dans ce plan, et ne saurait être l’œuvre isolée de Pêches et Océans Canada et de l’Agence Parcs Canada ni d’aucune autre partie. Ce plan fournit des avis aux entités et aux organisations qui peuvent être impliquées ou souhaitent s’impliquer dans des activités de conservation de l’espèce. Dans l’esprit de l’Accord pour la protection des espèces en péril, le ministre des Pêches et des Océans et le ministre de l’Environnement invitent toutes les juridictions impliquées et tous les Canadiens à se joindre à Pêches et Océans Canada et à l’Agence Parcs Canada pour soutenir et mettre en œuvre ce plan au bénéfice du méné d’herbe et de la société canadienne dans son ensemble. Les ministres compétents feront état des progrès d’ici cinq ans.

Ce document a été préparé pour Pêches et Océans Canada et l’Agence Parcs Canada par une équipe de rétablissement nationale qui regroupait des représentants de l’équipe de rétablissement des cyprinidés et petits percidés du Québec et de l’équipe de rétablissement des poissons d’eau douce de l’Ontario.

Les auteurs voudraient remercier Gilles Fortin, Carolyn Bakelaar et Brydon MacVeigh (Pêches et Océans Canada) pour avoir fourni les cartes de répartition respectivement pour le Québec et pour l’Ontario.

Une évaluation environnementale stratégique (EES) est effectuée dans le cadre de tous les documents de planification du rétablissement en vertu de la LEP conformément à la Directive du Cabinet de 1999 sur l'évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes. L’objet de l’EES est d’incorporer les considérations environnementales à l’élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décisions éclairées respectueuses de l’environnement.

La planification du rétablissement vise à bénéficier aux espèces en péril et à la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que des plans peuvent, par inadvertance, produire des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des incidences possibles sur les espèces ou les habitats non ciblés. Les résultats de l’EES sont directement inclus dans le plan lui-même, mais également résumés ci-dessous.

Le présent programme de rétablissement favorisera clairement l’environnement en encourageant le rétablissement du méné d’herbe. La possibilité que le programme produise par inadvertance des effets négatifs sur d’autres espèces a été envisagée. L’EES a permis de conclure que le présent programme sera clairement favorable à l’environnement et n’entraînera pas d’effets négatifs significatifs. Consultez plus particulièrement les sections suivantes du document : besoins biologiques et en habitats, rôle écologique, facteurs limitatifs, gestion et effets sur les autres espèces.

Le méné d'herbe (Notropis bifrenatus [Cope, 1867]) est un petit cyprinidé au corps élancé. Cette espèce est rare partout dans le monde et son aire de répartition mondiale se limite aux bassins hydrographiques de l'Atlantique, à l'est de l'Amérique du Nord. Au Canada, l'espèce est présente dans l'est de l'Ontario et au sud-ouest du Québec, de la baie de Quinte (lac Ontario) au lac Saint-Paul, à Bécancour, et vers le sud jusqu'au lac Memphrémagog. Au Québec, le méné d'herbe a été trouvé dans certains secteurs du fleuve Saint-Laurent et dans les affluents de huit régions administratives : Montréal, Laval, Montérégie, Estrie, Laurentides, Lanaudière, Mauricie et Centre-du-Québec. En Ontario, le méné d'herbe serait encore présent dans le fleuve Saint-Laurent, le lac Big Rideau, les ruisseaux Wood et Jones et la rivière Napanee. Des échantillonnages récents démontrent aussi que le méné d'herbe se trouve dans tout le Canal Rideau, dans les lacs Lower Rideau, Upper Rideau, Newboro, Opinicon, Whitefish, Sand, Little Cranberry, et Cranberry. Le mén a aussi été trouvé dans les baies Wellers et de Quinte ainsi que dans les lacs West, East, Big Bay, Hay Bay et la rivière Black (N.E. Mandrak, Pêches et Océans Canada, données non publiées 2010). Les données disponibles indiquent que l'aire de répartition du méné d'herbe au Québec est très vaste lorsque comparée à celle de l'Ontario, mais dans les deux provinces, une portion importante de cette aire demeure sous-échantillonnée.

L'abondance du méné d'herbe au Canada n'est pas connue et les tendances pour les populations sont très difficiles à établir en partie à cause de difficultés d'identification. Le méné d'herbe peut facilement être confondu avec le museau noir (N. heterolepis) et d'autres Notropis rayés parmi lesquels il coexiste. Des erreurs sont possiblement survenues lors de l'identification des spécimens récoltés antérieurement, ce qui a pu se traduire par une sous-estimation de la répartition et de l'abondance du méné d'herbe. Le déclin de l'espèce a été observé dans plusieurs cours d'eau dans lesquels il était autrefois abondant, particulièrement parmi les populations du Québec. Le statut actuel de l'espèce dans de nombreux endroits, tels que le lac Memphrémagog, les affluents de la baie Missisquoi, le lac Saint-Paul et plusieurs sites en Ontario, est inconnu puisque ces régions n'ont pas fait l'objet d'un échantillonnage adéquat depuis les années 1960 et 1970. Des sites historiques dans des tributaires du lac Saint-François, comme les ruisseaux Wood, Gunn, Finney et Fraser ont été intensivement échantillonnés spécifiquement pour le méné d'herbe en 2008, 2009 et 2010. Le méné d'herbe n'a été trouvé que dans le ruisseau Finney en 2010. Des sites potentiels aux alentours, soit dans les ruisseaux Sutherland et Grey's et la rivière Raisin ont aussi été sondés sans succès (B. Jacobs, Raisin Region Conservation Authority, comm. pers. 2011). De plus, nombreux sont les sites qui n'ont toujours pas fait l'objet d'un échantillonnage. Il est donc possible que l'espèce soit plus abondante et que son aire de répartition soit plus étendue qu'estimé actuellement.

Les menaces connues et présumées pesant sur le mené d’herbe au Canada sont la pollution d’origine agricole, la pollution urbaine et industrielle, la modification locale du régime d’écoulement naturel, la perte de couverture végétale riveraine, la destruction de la végétation aquatique, les fluctuations des niveaux d’eau à grande échelle, les changements climatiques, la propagation des espèces exotiques et des maladies ainsi que la pêche commerciale aux poissons-appâts.

Le but du présent plan de gestion est de maintenir et d’accroître les populations de méné d’herbe et leur habitat, afin de veiller à ce que des populations viables soient présentes dans l’ensemble de son aire de répartition courante et historique au Canada.

Les objectifs à court terme (pour les cinq prochaines années) suivants ont été fixés pour permettre d’atteindre le but du plan de gestion :

  1. assurer la protection des populations et des habitats connus;
  2. évaluer les menaces ayant une incidence sur l’espèce et sur son habitat;
  3. améliorer la qualité des habitats détériorés et actuellement utilisés par le méné d’herbe;
  4. déterminer l’étendue, l’abondance et la démographie des populations de méné d’herbe;
  5. sensibiliser la population à la présence, aux menaces, à la conservation du méné d’herbe et celle de son habitat ainsi qu’à son statut d’espèce en péril au Canada; et,
  6. établir des liens et sensibiliser les différents partenaires, les équipes de rétablissement, les groupes d’intérêt, les organismes et les propriétaires fonciers désireux de soutenir la conservation du méné d’herbe.

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